LA GASPESIE

Le Canada, un rêve de jeunesse !
Après mon diplôme de comptabilité, j'avais envisagé de partir travailler au Canada ou en Nouvelle Calédonie. Mais à l'époque (1964) les moyens d'information étaient rares et les transports très chers, j'ai donc relégué ce désir dans le rayon des songes inaccessibles. Puis mon métier m'entraînera plus tard dans un pays totalement différent : Le Niger.
Mais je n'ai jamais oublié cette envie et en septembre 2004 nous décidons de faire une petite visite à nos cousins du Québec.


Château Frontenac Québec


Arrivés dans l'après-midi à Montréal, nous prenons rapidement la route pour la péninsule de la Gaspésie. Nous découvrons le très célèbre Saint Laurent, mais à Montréal il n'est pas encore impressionnant. Le lendemain nous continuons à longer le fleuve, mais de grosses intempéries générées par la queue du cyclone INES nous gâche la journée. Nous nous arrêtons pas trop tard dans un motel et dînons à proximité dans un restaurant bien agréable. La restauration au Québec est plus semblable à la notre que celle des Etats Unis, mais les portions sont identiques à celles des USA (pantagruélique).


Rivière du loup

Encore une journée grise humide fraîche et ventée. A la suite des fortes pluies de la veille, toutes les rivières (et dieu sait s'il y en a) sont devenues de véritables torrents boueux et se déversent avec fougue dans un Saint Laurent houleux. La fin de journée est plus clémente et nous trouvons un coin bien tranquille pour passer la nuit sous la garde bienveillante du phare de la Pointe-au-Père


Pointe-au-Père


Le voyage continue toujours vers l'est. Le fleuve devient de plus en plus large et l'on ne distingue plus l'autre rive. Nous admirons les innombrables églises qui émaillent notre route, elles n'ont bien sur pas l'architecture de celles du vieux continent, mais ont un certain charme. Le style en est assez naïf et souvent un peu clinquant.


Rimouski                          Oratoire Notre Dame Mt St Joseph Carlton            Ste Anne-des-Monts

A Grand-Métis, nous visitons les jardins conçus en 1926 par Mme Elsie Relfort. Un bien bel endroit qui respire calme et sérénité et embaume du parfum des nombreuses plantes qui y ont été implantées. La résidence aujourd'hui transformée en musée nous laisse deviner l'aisance dans laquelle devait vivre cette famille. Magnifique vue sur le St Laurent.



 Quand à l'exposition des jardins contemporains nous n'avons pas apprécié. Probablement trop intellectuel pour nous !


Exposition des jardins Contemporains ! ?


Nous quittons les rives du Saint Laurent pour rejoindre la "Baie des chaleurs" (c'est tout relatif) Nous longeons la Matapedia, gonflée par les récents orages, elle déboule furieuse au milieu de forêts d'épinettes. Elle est parait-il un lieu  idéal pour la pêche au saumon. Ce n'est pas la saison et nous n'avons pas le temps de nous adonner à ce sport, mais ce doit être une véritable cure de plaisir et de tranquillité tant les paysages y sont sereins.
Nous profitons d'une belle matinée ensoleillé pour grimper (en voiture) le mont St Joseph ou nous avons une vue magnifique sur le village de Carlton.


Le barachois (banc de sable) de Carlton vu du Mt St JOSEPH

Des sentiers pédestres sillonnent ce massif et nous y faisons une longue promenade où l'air y est frais et parfumé. C'est notre première randonnée et nous nous promettons dans faire bien d'autre dans ces paysages grandioses, sauvages et paisibles.
Nous continuons notre périple vers la ville de Percé et son célébre rocher du même nom.  La baie des chaleurs nous invite à tenter une baignade, mais entre la température un peu fraîche et surtout la couleur de l'eau troublée par les crues nous n'y allons que jusqu'à mi-cuisse. Dommage !


La baie des chaleurs troublée par les crues


Dans l'après-midi nous arrivons à Percé, nous nous installons dans un motel un peu à l'extérieur de la ville mais avec une vue superbe sur ce monument naturel. Que se soit dans les motels ou les restaurants l'accueil y est toujours chaleureux. Lors de notre petit déjeuner la gérante est venu discuter avec nous. J'aime leur accent et surtout leur simplicité et nous parlons ensemble comme si nous nous connaissions depuis toujours.


Le rocher de Percé

La marée étant basse nous pouvons aller à pied sec jusqu'au fameux monolithe, mais un fort vent froid gâche un peu la ballade. Le soir pour nous réconforter nous allons déguster la spécialité du coin : le homard. La maison du pêcheur est un restaurant plutôt chic à l'ambiance chaude et feutrée, et la cuisine soignée est excellente.Une agréable pose après la fraîcheur de la journée.
Encore une belle matinée ensoleillée pour une grande ballade dans le parc national de FORILLON.  La tour du mont St Alban offre un point de vue unique sur la baie de Gaspé. Nous redescendons en bord de mer et nous pique-niquons dans une petite crique. Ici comme aux USA tout est aménagé pour le tourisme, tables et bancs en bois installés en bordure de mer sont bien confortables pour casser la croûte. Malheureusement quelques nuages épais viennent cacher le soleil et le froid nous tombe dessus très rapidement. Nous terminons notre repas en vitesse et reprenons la route vers Ste Anne- des-Monts.


Crique dans la baie de Gaspé

Nous retrouvons les bords du Saint Laurent, mais il faut le savoir car l'estuaire est tellement large qu'il n'est pas possible de voir l'autre rive. Tout au long de la route nous traversons de très jolis villages. Le calme, la propreté, les couleurs pastel des maisons font de ces bourgs de véritables petits paradis.


Charmand village au bord du St Laurent

Arrivés à Ste Anne-des-monts dans l'après-midi nous nous installons au motel Beaurivage, au bord du fleuve. Un grand espace gazonné nous sépare de l'eau et nous profitons du beau soleil pour prendre un peu de repos.


Motel Beaurivage

Nous nous promenons longuement sur la plage en attendant le coucher de soleil. L'attente est largement récompensée par les magnifiques teintes du crépuscule. Nous dînons dans un restaurant où l'ambiance est des plus chaude (match de hockey diffusé  à la télé). Cela nous change du calme que nous avions connus jusque là. Morues, saumons, crevettes et autres produits de la mer seront au menu le tout arrosé de bière locale. Une soirée bien différente et surtout très festive, un vrai régal .

Coucher de soleil à St Anne-des-monts


Journée réservée a une randonnée dans le parc national de Gaspésie. Nous y rencontrons 2 gardes forestiers qui nous disent qu'il y a très peu de monde ce matin et que nous pourrions voir des orignaux. Cette information nous motive un peu plus et nous partons à l'assaut du mont Joseph Fortin, les couleurs d'automne pointent timidement leurs nez, illuminant de ci de là la forêt. Le temps est brumeux, et arrivé au sommet nous n'avons pas une vue extraordinaire sur les collines environnantes, mais l'air y est vivifiant et la température assez douce. Et toujours pas d'orignal.


Mont Joseph Fortin-Parc national de Gaspésie

La descente nous gratifie de traces de la faune locale. Mais à bien y réfléchir je préfére avoir seulement vu empreintes et déjections, car la rencontre avec l'ours aurait peut être était périlleuse. Mais un peu plus bas une surprise nous attendait. Non ce n'était pas l'orignal, mais seulement une famille de colin de virginie qui nous a laissé filmer et photographier en toute tranquillité, puis ils ont disparus dans les fourrés à la recherche de nourriture.


Colin dans le parc national de Gaspésie


Nous nous arrêtons sur les berges de la rivière Sainte Anne (ici tous les villages et toutes les rivières ou presque commencent par saint ou sainte)
Cela témoigne de la foi qu'avaient les premiers colons, et je pense qu'il fallait en avoir car les conditions de vie devaient être des plus difficiles.
Quand on voit aujourd'hui tous ces petits villages charmants coquets, fleuris et propres relies entre eux par des routes confortables, on a du mal à imaginer la même région 2 ou 300 ans en arrière. Une nature inhospitalière un climat très rude, ces premiers immigrants devaient avoir un grand besoin de liberté et d'espaces vierges pour endurer de telles conditions de vie. On ne peut qu'admirer le résultat. Bien sur cela c'est fait au détriment des autochtones, mais malheureusement on ne peut pas refaire l'histoire.


La rivière Sainte ANNE

Direction Matane pour partir le lendemain matin à Baie-Comeau. Pour ce faire nous embarquons sur le "traversier" (ferry). Le Saint Laurent mesure environ 50Km entre les deux berges et nous naviguerons pendant un peu plus de deux heures. Le brouillard nous oblige à rester à l'intérieur. Nous reprenons la route pour aller visiter le Parc Régional de Pointe-aux- Outardes réputé pour l'observation des oiseaux. Des chemins tout en bois permettent la promenade sans abîmer ni la végétation ni les dunes. Je reste toujours très admiratif de l'aménagement des parcs au Canada, encore plus soigné qu'au USA. Là aussi le temps n'est pas favorable, un fort vent nous privera du plaisir d'apercevoir quelques oiseaux. Je serais seul à voir fugitivement un renard.
En route pour Tadoussac et ses fameuses baleines !


Tadoussac

Comme tout bon touriste nous partons en bateau pour observer les baleines. Ce n'était pas la meilleure saison, mais nous en avons vu quelques unes. C'est un spectacle extraordinaire, mais est-il vraiment nécessaire, pour assouvir notre curiosité,  de développer autant ces croisières de découverte des cétacés ? J'ai vu un grand Zodiaque à quelques mètres de l'animal. Bien sur cela n'avait pas l'air de le déranger mais qu'en sait on ? Et cela peut être dangereux pour les visiteurs. Si par maladresse la baleine fait chavirer l'embarcation, je ne donne pas cher de leur vie. Même équipés de gilet de sauvetage, vu la température de l'eau la survie risque d'être brève. Le bateau nous emméne sur la rivière Saguenay dans un fjord majestueux (le plus grand du monde paraît il). Cascades qui se précipitent du haut de falaises impressionnantes, végétation qui s'accroche à des murs verticaux : une nature spectaculaire qui nous émerveille. Nous aurons la chance de voir un jeune phoque et de croiser quelques beaux et très blancs bélougas.


Lac Saint Jean dans le parc de la Pointe-Taillon

Nous poursuivons notre chemin vers le Lac-St-Jean,. Nous programmons une ballade dans le parc de la pointe-Taillon pour y voir orignaux et castors. Une petite pluie fine et froide abrégera notre randonnée. Point d'orignal, et des castors nous ne verrons que leurs huttes et leurs barrages. Mais il faut avouer que ces ouvrages sont à voir, car ils témoignent de la grande intelligence de ces animaux architectes et aussi bâtisseurs. Le lac est immense (+ de 1000Km²) une véritable mer intérieure. Nous en faisons le tour pour rejoindre le zoo "sauvage" de Saint-Félicien.


          Ours polaires                             Grizzly                             Ours brun

Puisqu'il ne nous a pas été donné de voir la faune sauvage dans la nature, nous nous décidons à visiter ce zoo. Un seul mot : MAGNIFIQUE. Nous qui aimons bien voir les animaux dans leur milieu naturel (voir onglet sur le Niger & Madagascar) nous partions avec un à priori négatif. Mais la visite, à bord d'un petit train grillagé, au milieu d'animaux en semi liberté (le parc fait tout de même 600 hectares) nous a enthousiasmé. Les animaux bien sur, mais aussi la reconstitution d'anciennes habitations et surtout les commentaires avec l'accent très prononcé et les expressions locales, c'était un vrai régal. A en oublier le temps maussade et froid.


Wigwam dans le zoo de St-Fékicien

Quelques petites frayeurs tout au long du parcours, les ours me paraissent très gros, un boeuf musqué fait mine de nous charger, ce qui arrive fréquemment d'après notre guide, finalement c'est un magnifique mâle wapiti qui s'attaquera à la "locomotive", sans dégât pour la machine et ses passagers.


               Bison                                   Boeuf musqué                             Wapiti

Dans des enclos particuliers nous admirons un imposant grissly,un couple d'élégants et puissants couguars, un lynx indifférent, des ratons laveurs endormis des renards afférés et beaucoup d'autres animaux locaux.


                                 Cougar                                                                Orignal

Nous passons la nuit dans un motel sympa sur les berges du lac. Le lendemain
nous visitons le village historique de Val-Jalbert. Parfaitement conservé et restauré ce village abritait, dans les années 1920, les ouvriers de l'usine de pâte à papier que faisait tourner la très haute (72m) chûte Ouiatchouan. Là aussi nous avons des commentaires pertinents et joliment illuminés par l'accent québecois. L'école, tenue par les Soeurs, les maisons des ouvriers, dont certaines sont meublées, donnent l'illusion que le village est juste endormi.


Maison d'ouvrier et école du village historique Val-Jalbert


La fin du voyage approche nous redescendons vers le St-Laurent en longeant la Saguenay. Forêts, lacs, rivières et villages pimpants jalonnent notre route. L'agglomération de Rivière Eternité nous surprend par une étonnante exposition de crèches en plein air. Surnommée la Betlehem des neiges elle a su attirer de nombreux artistes non seulement Canadiens mais internationaux.


Les crèches de Rivière-Eternité. Modernes, naïves ou classiques elles sont toutes magnifiques

Nous y découvrons des créations artistiques des plus classiques aux plus modernes, Pour nous qui habitons en Camargue nous sommes surpris d'y voir une crèche signée par une artiste Marseillaise. Vous pouvez visiter le site http://www.creches.qc.ca pour admirer les réalisations exposées


A droite la crèche Provencale de Mme Mireille Tibout

Nous quittons ce village pour reprendre la route du retour. Nous faisons un petit crochet pour prendre quelques photos à Port-au-Persil. Le soleil est de la partie et une jolie lumière éclabousse cet endroit si paisible avec vue sur le St Laurent.


Port-au-Persil

Un détour à St-Férréol-les-Neiges pour voir la chute Fraser. Mais il fait froid et gris. L'été l'endroit doit être très agréable. Un camping y est installé et propose des activités sportives et ludiques du 15 mai au 15 octobre. A Sainte-Anne-de-Beaupré nous visitons son imposante basilique
aux fresques et vitraux magnifiques. Dans l'après-midi nous grimpons les 454 marches qui nous emmènent au sommet de la chute Montmorency haute de 83 mètres. 30 mètres de plus que celles du Niagara mais nettement moins large, elle n'en reste pas moins spectaculaire.

La chute Montmorency


Nous arrivons à Québec en même temps que le QEEN MARY 2 et une foule immense se presse sur la place du château Frontenac d'où on domine les quais.
Bien que très peu passionné par ce genre d'événement médiatique, je suis obligé d'avouer que le spectacle de ce superbe paquebot (cocorico car il est made in France) accostant dans le port de Québec est grandiose.  Quand à la ville par elle même nous l'avons trouvé très belle. Les battisses anciennes, les ruelles pavées, les places où jouent quelques musiciens tout cela créait une ambiance intimiste. Malgré l'afflux de touristes générait par l'arrivée du Quenn Mary c'est le calme qui caractérise cette ville.
Voilà le voyage est terminé et outre les magnifiques paysages du Canada nous garderons le souvenirs d'une région particulièrement agréable à visiter tant  les québécois sont accueillants, simples et serviables. Mais surtout ne changez rien dans vos expressions et votre accent, c'est votre héritage culturel et ne le reniez pas pour essayer de plaire à une catégorie de touristes snobs ou bornés. Si nous rions de vous entendre parler ce n'est pas par moquerie mais par plaisir. Nous aimons votre spontanéité, votre simplicité, votre gentillesse et votre humour. Vous avez su rester naturel, continuez !